La PNL est-elle fondée sur la science ou s'agit-il d'une pseudoscience ?
- Jordi Turc
- 10 avr.
- 9 min de lecture
La PNL est-elle fondée sur la science ou s'agit-il d'une pseudoscience ?
Voici la traduction intégrale en français de l’article de Dr. Phil Parker intitulé “Is NLP based on science or is it pseudoscience?”, adapté de sa thèse de doctorat, consulté le 8 avril 2022 sur philparker.org.

Cet article concis est une adaptation de la thèse de doctorat du Dr Phil Parker.
La PNL a reçu un accueil mitigé, étant populaire auprès du grand public et largement utilisée dans les entreprises et les organisations.
Par exemple, 326 structures du National Health Service (NHS) et autorités stratégiques ont dépensé plus de 800 000 £ pour des formations liées à la PNL entre 2006 et 2009 (Sturt et al., 2012). Une revue systématique récente a montré que la PNL pouvait être efficace pour améliorer un large éventail de résultats psychologiques liés au travail, notamment l’estime de soi et le stress professionnel (Kotera, Sheffield, & Van Gordon, 2018).
Toutefois, jusqu’à récemment, la PNL était souvent rejetée par la psychologie académique (Karunaratne, 2010). Cet article examine les raisons de cette situation et ce que le domaine de la PNL devrait faire pour accroître sa crédibilité. Il conclut que la PNL dispose d’une base de données probantes issues de publications évaluées par des pairs et que, par conséquent, l’étiquette péjorative de pseudoscience qui lui est parfois attribuée devrait être abandonnée.
Développée dans les années 1970 par une équipe menée par Bandler, Grinder et Pucelik (Grinder & Pucelik, 2013), la PNL a débuté comme un projet de modélisation visant à identifier les schémas communs d’intervention et de traitement de l’information mentale chez différents psychothérapeutes et universitaires (Perls, Satir, Erickson, Bateson, Korzybski, Rogers et Watzlawick) (Bandler, Grinder & DeLozier, 1975 ; DeLozier & Grinder, 1987 ; Grinder & Pucelik, 2013).
Ces influences initiales très diverses ont entraîné une certaine variabilité dans les définitions de la PNL selon l’autorité qui s’exprime ; Grimley en recense 14 dans son article intitulé Qu’est-ce que la PNL ? (2016).
Le Oxford English Dictionary en donne la définition suivante : « Un système de thérapie alternative visant à éduquer les individus à la conscience de soi et à une communication efficace, et à modifier leurs schémas de comportement mentaux et émotionnels. » (Soanes & Stevenson, 2006).
Science et pseudoscience
Le dictionnaire Webster définit la science comme :
« un savoir ou un système de connaissances couvrant des vérités générales ou le fonctionnement de lois générales, notamment lorsque celles-ci sont obtenues et testées par la méthode scientifique ».
La méthode scientifique est quant à elle définie comme :
« des principes et des procédures pour la poursuite systématique de la connaissance impliquant la reconnaissance et la formulation d’un problème, la collecte de données par l’observation et l’expérimentation, ainsi que la formulation et le test d’hypothèses. » (Webster, 2020)
La pseudoscience est un terme péjoratif utilisé pour décrire des affirmations qui manquent de preuves scientifiques (Burke, 2017). Ce terme pose problème car il est clivant et ne repose pas sur un ensemble de critères précis et consensuels. Cela remet en question sa pertinence et a conduit à l’émergence d’un courant universitaire croissant appelant à son abandon (Burke, 2017 ; Gordin, 2017).
Recherches, critiques et débats
Bostic St Clair (Grinder & Pucelik, 2013) avance que la formulation peu rigide de la PNL a pu offrir un espace de créativité, chaque séance étant typiquement adaptée au client à un moment donné plutôt que de reproduire des stratégies d’intervention génériques. Cependant, cela a également entraîné une absence de standards en matière de formation et de mise en pratique (Grimley, 2016), ce qui a engendré des difficultés méthodologiques importantes pour évaluer la PNL comme un champ unique.
Les incertitudes ont été renforcées par les résultats des premières tentatives d’évaluation de la PNL (Einspruch & Forman, 1985, 1988 ; Sharpley, 1984, 1987), qui n’ont trouvé que peu de preuves soutenant un lien présumé entre les mouvements oculaires, le langage et le traitement mental. Toutefois, certains chercheurs ont estimé que ces études comportaient des lacunes méthodologiques et conceptuelles (Gray, Wake, & Cheal, 2012), en soulignant notamment leur focalisation sur des aspects secondaires de la PNL (comme les mouvements oculaires), non jugés centraux par les experts, et leur manque de compréhension sur ce qui était réellement mesuré. Malgré cela, ces recherches mal construites sont devenues une référence initiale, influençant les études ultérieures (Gray et al., 2012).
Des approches de recherche plus rigoureuses ont mené à une série d’articles publiés (Arroll et al., 2017 ; Bigley et al., 2010 ; Cheal, 2007 ; Genser-Medlitsch & Schütz, 2004 ; Gray et al., 2012 ; Grimley, 2016 ; Hollander & Malinowski, 2016 ; Karunaratne, 2010 ; Kudliskis, 2013 ; Kudliskis & Burden, 2009 ; Linder-Pelz, 2010 ; Ojanen, 2005 ; Sahebalzamani, 2014 ; Sahi & Määttä, 2013 ; Sterman, 1991 ; Stipancic et al., 2010 ; Sturt et al., 2012 ; Tosey & Mathison, 2003 ; Wake et al., 2013 ; Wake & Leighton, 2014 ; Witt, 2008), amorçant enfin la création d’une base de données probantes.
Une méta-analyse récente (Zaharia, Reiner, & Schütz, 2015) portant sur les essais utilisant la PNL comme intervention psychothérapeutique, tout en reconnaissant un « manque important de données de haute qualité issues d’études observationnelles, expérimentales ou d’essais randomisés », conclut :
« Notre revue par méta-analyse a trouvé des preuves soutenant les effets positifs de cette forme de psychothérapie » (Zaharia et al., 2015, p. 361).
En dépit de cette base de données encore modeste mais croissante, la PNL semble avoir été stigmatisée. Les auteurs d’un article sur la cure rapide de la phobie des hauteurs par la PNL (Arroll et al., 2017) ont rapporté que leur article avait été initialement refusé par une revue réputée, avec la recommandation de supprimer toute référence à la PNL pour être publié (Arroll & Henwood, 2017).
Ils ont constaté qu’après avoir retiré toute mention de la PNL, l’article a été accepté. Cela risque de créer un cercle vicieux dans lequel la PNL peut être rejetée en raison de l’absence de base scientifique… tout en étant empêchée de produire cette base lorsqu’elle est nommée comme telle, car elle n’est pas considérée comme valide.
Conclusion
Il existe une base de données probantes croissante, issue de publications scientifiques évaluées par des pairs, démontrant l’efficacité de la PNL dans divers domaines. Une grande partie des critiques adressées à la PNL semble découler d’un biais peu constructif, issu d’une focalisation excessive sur les premières études mal structurées et d’un manque de connaissance des publications plus récentes. Le champ de la PNL a un rôle à jouer dans la résolution de ce problème, en s’engageant davantage dans la recherche malgré les difficultés (Grimley, 2016), notamment dans des domaines sans structures académiques établies, ni reconnaissance, ni financement.
On espère que cet article contribuera à clarifier un débat confus et souvent partisan, et encouragera l’abandon du terme inapproprié de pseudoscience, tout en ravivant l’intérêt pour la recherche académique, tant chez les praticiens que chez les chercheurs.
À propos de l’auteur :
Dr. Phil ParkerPhD, DO, Dip E Hyp, P NLP, MBIHPraticien certifié Maître en PNL
Il y a 20 ans, Phil a créé le Lightning Process, une méthode qui aide les individus à transformer profondément leur vie et leur santé. Depuis, il a formé des praticiens qui l’enseignent dans 15 pays, sur 5 continents différents.
En 2021, il a remporté le Prix d’Inspiration ANLP pour sa contribution exceptionnelle dans le domaine de la PNL. Il a également été nommé quatre années de suite dans la catégorie « PNL et Santé ».
Phil a obtenu son doctorat en psychologie de la santé à la London Metropolitan University et participe à des recherches dans plusieurs domaines, notamment sur le Lightning Process et les troubles liés à l’usage de substances. Il est aussi l’auteur de quatre livres destinés à aider les gens à opérer des changements dans leur vie, publiés chez Hay House.
Vous pouvez en savoir plus sur les recherches auxquelles Phil a contribué, ses articles scientifiques et ses ouvrages sur son site : www.philparker.org.
En dehors de son travail, Phil a de nombreux centres d’intérêt et passions, notamment la musique (il a déjà joué de la guitare avec Eric Clapton, mais c’est une autre histoire… !), les voyages, la photographie, son chien Luna, et bien sûr ses amis et sa famille. Beaucoup de ces éléments influencent et sont évoqués dans ses formations ainsi que dans ses newsletters, qu’il estime précieuses.
References
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