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Le coaching de vie (ou professionnel) est il mort?

Le coaching, longtemps considéré comme un des fers de lance du développement personnel et professionnel en France, traverse aujourd’hui une période de turbulence inédite.

Alors que certains décrètent la “mort du coaching” , la réalité est plus nuancée : ce secteur, en pleine mutation, se restructure sous l’effet de facteurs économiques, médiatiques, technologiques et culturels.





Plutôt qu’une disparition brutale, nous assistons à une véritable sélection naturelle, où seuls les praticiens les plus sérieux et les mieux formés sauront tirer leur épingle du jeu.


Cet article propose un panorama détaillé de la situation actuelle, des défis rencontrés et des voies de redressement envisageables pour les coachs et leurs clients.


1. Contexte macroéconomique et géopolitique : un terreau difficile


L’inflation et la pression sur le pouvoir d’achat


Depuis plusieurs années, l’inflation grignote les budgets des ménages français : hausse des prix alimentaires, augmentation des factures d’électricité, flambée des coûts de l’énergie… Dans ce contexte, les dépenses jugées non essentielles sont les premières à être sacrifiées. Consulter un coach, souvent perçu comme un “luxe” ou un “investissement” sans garantie de retour immédiat, devient un choix que de nombreux Français repoussent, voire abandonnent.


Les effets de la guerre en Ukraine


La guerre en Ukraine a intensifié les incertitudes économiques et géopolitiques. Entre les sanctions, la hausse des prix de l’énergie et les tensions internationales, un climat d’anxiété collective s’installe. Les consommateurs privilégient la sécurité financière et reportent tout achat non urgent, y compris la formation ou l’accompagnement personnel.


Le recul des financements publics et du CPF


Le Compte Personnel de Formation (CPF), autrefois levier majeur pour financer les cursus de coaching, est aujourd’hui moins généreux : plafonnement des abondements, complexification des démarches administratives, priorisation de certaines filières jugées “plus stratégiques” par France Compétences. Conséquence : de nombreuses écoles de coaching voient leurs certifications RNCP (Répertoire National des Certifications Professionnelles) expirer ou ne pas être renouvelées, limitant drastiquement l’accès à des financements publics pour les futurs coachs.


2. Saturation du marché et perte de confiance


Une explosion du nombre de coachs


Les dernières études, datant de 2020, faisaient état d’environ 33 000 coachs exerçant en France, dont seulement la moitié parvenaient à vivre de leur activité. Depuis, le nombre a continué d’augmenter, alimenté par la perception d’un métier “facile” à apprendre et rentable à exercer. Pourtant, cette croissance quantitative n’a pas généré d’amélioration qualitative : de nombreux coachs se contentent d’un cursus court et peu approfondi pour obtenir une certification.


L’omniprésence publicitaire et l’influence des réseaux sociaux


Sur Facebook, Instagram et TikTok, le fil d’actualité regorge de publicités pour des programmes de coaching. Cette saturation visuelle peut provoquer chez le public un effet de rejet, voire un sentiment de harcèlement. Pire, le coaching est parfois réduit à une vitrine marketing flamboyante, dénuée de réel contenu pédagogique ou éthique, ce qui accentue le scepticisme des prospects.


Charlatans et promesses non tenues


L’absence de réglementation formelle encadrant la profession de coach autorise l’émergence d’individus se présentant comme experts après quelques semaines de formation à distance. Les offres à tarif élevé se multiplient, et les résultats annoncés (reconversion professionnelle, augmentation de salaire, bien-être instantané) sont rarement au rendez-vous. Les clients déçus partagent leurs mauvaises expériences, amplifiant la défiance générale à l’égard du secteur.


La médiatisation des “derives”


Entre 2021 et 2023, plusieurs reportages de chaînes nationales (Capitale, Zone Interdite) ont pointé du doigt les travers du coaching. Des voix autorisées, comme celle de Julia de Funès, ont légitimement critiqué certains excès du développement personnel. Parallèlement, la Mivilude (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a dressé une liste des techniques “à risque”, dont la PNL, l’ennéagramme et l’analyse transactionnelle, même si elle n’assimile pas ces pratiques à des sectes.


3. Outils de développement et risques de dérive sectaire


Les techniques en question

Ces outils, largement utilisés en coaching, reposent sur des principes théoriques solides, mais manquent souvent de validation scientifique robuste. Leur simplicité apparente les rend accessibles à tous, ce qui favorise les usages inappropriés.


Quand l’outil devient prétexte à dérive


Ce n’est pas l’outil en lui-même qui est sectaire, mais l’usage qui en est fait :

  • Exemple extrême : l’application de l’ennéagramme pour justifier des licenciements, quand un employeur évoque la “mauvaise personnalité” d’un salarié.

  • C’est le glissement vers l’arbitraire et l’autoritarisme, hors de tout cadre déontologique, qui constitue une dérive.


Le rôle des médias

Les journalistes ont parfois facilité l’amalgame en titrant des “dérives sectaires du coaching”, sans toujours distinguer entre pratiques encadrées et usages abusifs. Ce traitement simpliste contribue à nourrir l’incompréhension du grand public et installe un climat de méfiance.


4. Intelligence artificielle et coaching numérique


ChatGPT comme “coach” de substitution


L’arrivée de ChatGPT et d’autres IA conversationnelles permet aujourd’hui d’obtenir, en quelques secondes, des conseils sur l’organisation personnelle, la fixation d’objectifs ou la formulation de bilans. Pour beaucoup, l’IA remplace un premier niveau d’accompagnement, à moindre coût.


Limites de l’IA


Pour autant, un algorithme ne peut pas :

  • Entretenir une relation empathique et authentique.

  • Faire preuve de discernement selon l’histoire personnelle du client.

  • Adapter subtilement sa posture et son langage non verbal.

Les coachs humains conservent donc un avantage décisif sur le plan émotionnel et relationnel.


Portrait des coachs en 2025


Les “bons” coachs oubliés

Nombreux sont les praticiens compétents, dotés d’une forte écoute, d’une posture professionnelle et d’une rigueur méthodologique, mais n’ayant pas la fibre marketing. Incapables de produire un flux constant de contenus accrocheurs, ils peinent à attirer et fidéliser une clientèle malgré leur savoir-faire.


Les marketeurs performants… pas toujours recommandables


À l’inverse, certains coachs excellent dans la création de funnel de vente, la publicité ciblée et la captation d’emails, mais délivrent un accompagnement superficiel, centré sur la vente d’un programme plus que sur les besoins profonds du client.


Tensions avec les professionnels de santé


Les psychologues et psychiatres, dont la formation universitaire s’étend sur plusieurs années, voient d’un mauvais œil des coachs “certifiés” en quelques mois proposer un accompagnement pour des troubles anxieux ou dépressifs, souvent sans supervision ni cadre éthique solide.


6. Stratégies pour se démarquer et perdurer


Miser sur la formation continue et l’excellence technique


Adhérer à une fédération et respecter la déontologie


  • Fédération Internationale de Coaching (ICF), Société Française de Coaching (SFCoach), EMCC…

  • Conduire ses pratiques sous supervision, actualiser régulièrement ses compétences et s’engager à référer vers des psychothérapeutes en cas de besoin.


Cultiver une posture éthique et transparente


  • Communiquer clairement sur les limites du coaching (pas de thérapie, pas de promesse de résultats miracles).

  • Pratiquer l’écoute active et le questionnement socratique plutôt que “l’enseignement” top-down.


Développer sa visibilité de manière authentique

  • Partager des témoignages et études de cas concrets, sans exagération.

  • Utiliser le digital (blog, webinaires, podcasts) pour éduquer le public sur ce qu’est réellement le coaching.


Perspectives et résilience du secteur


Une sélection naturelle en cours

La crise actuelle agit comme un filtre : les pratiques douteuses et les “market coureurs” moins soucieux de l’éthique disparaîtront progressivement, érodant peu à peu l’image négative qui pèse sur la profession.


La renaissance du coaching

À l’instar d’un phénix, le coaching peut renaître de ses cendres : en se recentrant sur ses valeurs originelles (relation d’aide, développement du potentiel, accompagnement personnalisé), il redeviendra un outil précieux pour les individus et les organisations.


Un appel à la vigilance et à l’engagement collectif


  • Les coachs doivent se regrouper pour définir et faire respecter des standards de qualité.

  • Les futurs clients gagneraient à se renseigner (vérifier les accréditations, demander des références, tester un entretien préalable) avant de s’engager.


Loin d’être “mort”, le coaching en France vit une crise de légitimité et une phase de réorganisation. Face à la saturation du marché, à la défiance médiatique et à la concurrence des intelligences artificielles, seuls les professionnels les mieux formés, éthiques et capables de dialoguer authentiquement avec leurs clients sauront perdurer. Pour ceux qui s’interrogent sur leur avenir dans cette profession, le mot d’ordre est clair : renforcer ses compétences, cultiver sa crédibilité et placer l’humain au cœur de l’accompagnement. C’est ainsi que le coaching traversera la tempête et renaîtra, plus solide et plus respecté que jamais.

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