Dans cet article nous allons parler des souvenirs induits en thérapie ou en coaching.
Le souvenir induit, c'est un concept un peu fragile.
Notre cerveau a tendance à reconstruire notre histoire passée et à reconstruire nos souvenirs. Ce qui signifie que quand on reçoit une personne en consultation, que l'on soit coach, thérapeute ou autre, lorsque la personne vous parle de son passé, il est fort probable, qu’en réalité, les faits dont elle vous parle, ne se soient pas exactement passé de la manière dont la personne vous en parle.
Pourquoi ?
Parce que notre cerveau a tendance à reconstruire notre passé.
Dans une émission sur l’événement du le 11 septembre 2001 aux États-Unis, une personne qui avaient vécu la catastrophe témoigne :
« Je me souviens très bien du 11 septembre, j'étais à l'école et je me rappelle que mon bureau était face à une fenêtre et qu'il y avait un lac et que quand les tours se sont effondrées, il y a eu toute la fumée qui est passée devant le lac ».
En réalité, suite à des recherches, on s’est aperçu que c'était absolument impossible parce la classe dont la personne parle ne se trouvait pas face à un lac, mais donnait sur un mur. Le lac en question était le lac qui se trouvait près du lieu d’habitation de sa grand-mère.
De plus, l’école en question était très éloignée de New York. La fumée n'aurait pas pu arriver jusque-là. Sachant que ce jour-ci, le vent partait dans une direction opposée à celle de l'école. La fumée n'aurait donc pas pu arriver.
Alors comment cela se fait-il que la personne raconte avec autant de détail ce souvenir ?
La personne avait vu des images à la télé. Elle avait fait des liens avec des endroits où elle allait, où elle avait cette vision du lac.
Le cerveau a reconstruit l'histoire, la personne en parlant était convaincue dans son souvenir.
Il est donc important d’avoir ce niveau d’information, car lorsque des personnes viennent nous dire :
« Dans ma vie, je sens que j'ai subi des attouchements de telle ou telle personne. »
« Ma mère ne m'a jamais dit je t'aime. Mes parents ne m'ont jamais dit qu’ils m'aimaient, ils m'ont fait des reproches ».
Dans la peau d'un coach ou d'un thérapeute et surtout d'un thérapeute qui explore vraiment les notions passées, ce qui est important, ce n'est pas ce qui s'est passé en vrai. Ce qui est important, c'est la réalité subjective de la personne, c'est-à-dire ce que conserve la personne de son passé ?
Comme dit Milton Erickson, père de « l'hypnose Ericksonienne », « il n'est jamais trop tard pour avoir un passé heureux ». Toute la démarche de la thérapie est justement de recadrer nos histoires passées, c'est-à-dire de reconstruire nos histoires avec un angle de vue différent. Que ce soit vrai ou pas, cela n’a pas d’importance puisque le principal, c'est de pouvoir retrouver un équilibre et être mieux dans sa peau.
L’idée est de pouvoir aller revisiter le passé sous un angle différent. Lorsque la personne nous parle de son passé, ce n'est pas forcément la réalité telle qu’elle s’est passée.
Cependant un thérapeute en termes de déontologie, ne doit jamais dire à son client :
« Ah, vous avez vécu ça ? Et bien écoutez, vous devez obtenir réparation et je pense que vous devriez aller porter plainte, mettre une action en justice ! ».
Ce n’est pas conseillé, nous ne sommes jamais certains de la véracité de ses dires.
Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qu'il n'est pas ? Qu’est-ce qui appartient à de la reconstruction mentale par rapport à un vécu émotionnel ? Et comment à partir de ce vécu émotionnel, la personne reconstruit l'histoire ? Nous ne le savons pas réellement
Ce que l'on sait, c'est que le rôle du thérapeute va être de pouvoir guérir cela.
Par exemple si une personne nous dit cela :
« Mon père, ma mère ne m'ont jamais aimé. ».
A la place de dire :
« Écoutez, allez voir vos parents et réglez ça avec eux ! »
Il est préférable de laisser les parents extérieurs à cela et ainsi éviter d’aller mettre des actions en dehors du système.
Par contre il va pouvoir faire rejouer des scènes sous l'ordre de reconstitution avec des procédés qui sont issus de la Gestalt, notamment la PNL.
On peut également utiliser des procédés comme des jeux de rôles.
On dit :
« On imagine que là nous sommes dans cette situation avec votre mère qui ne vous à pas dit je t'aime, etc. Qu'est-ce que vous voudriez lui réponds à ce moment-là ? ».
On va reconstruire l'histoire, on va apporter la ressource à la personne. On peut même à travers la technique de l'empreinte, apporter une ressource dans le système pour apaiser la personne, lui permettre dans sa réalité subjective, telle qu'elle s'est réellement passée ou telle qu'elle s'imagine que ça s'est réellement passé, lui permettre de remettre de l'ordre et retrouver de la sérénité dans son expérience.
Parce que sinon on franchit une limite qui peut être très dangereuse pour l'environnement du client, si les souvenirs ont été induits.
Aux États-Unis, une flambée de cas de procès de gens qui avaient vécu des attouchements. En réalité, après des examens plus approfondis, ils se sont rendus compte que certains souvenirs avaient été induits et étaient faux.
Beaucoup de personnes se sont alors retrouvées en prison pour des crimes qu'ils n'avaient pas commis. Ils ont été finalement innocentés par la suite. Tout ça, parce que, dans les cabinets de thérapie, il y avait eu des souvenirs induits qui avaient été révélés.
Si vous êtes de cette profession, soyez vigilants par rapport à votre déontologie, dans votre posture par rapport à vos patients.
Dans notre posture d'accompagnant, ce qui compte, ce ne sont pas les faits, ce sont la manière dont la personne a vécu les faits et ce qu'elle en a fait dans sa réalité subjective.
Ce n'est pas la réalité qui nous intéresse, mais c'est la façon dont la personne a vécu cette réalité. Il est donc très important de faire la nuance.
Jordi Turc, Expert en programmation linguistique, en PNL, Expert en coaching.
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